Pour moi, tout a commencé un jour que je m’octroyais une sempiternelle pause à rêvasser sur les marches de la Grand Place de Louvain-la-Neuve, croyant une fois de plus que celle-ci me permettrait peut-être d’inventer soudainement une théorie révolutionnaire ou de rencontrer la femme de ma vie. Presque systématiquement, ce genre d’initiative trouve une issue bien fade dans une conversation typiquement néo-louvaniste où l’on passe la plupart du temps à essayer de se souvenir du prénom de la personne à qui l’on est en train de causer. Heureusement, il est des fois où ces petites pauses songeuses sur le pavé de la Grand Place peuvent bouleverser un homme, voire une ville entière… Et c’est précisément ce qui arriva ce jour là.
Mieux que l’invention d’une théorie révolutionnaire, mieux que la rencontre improbable avec la soi-disant « femme de ma vie », j’ai vu la lumière !
En effet, lorsque Cédric Chantraine (alias Kesh), qui est par ailleurs l’un des grands…euh très grands fondateurs des mercredis de la jonglerie (rassemblement spontané de jongleurs apparu quelques années avant la naissance du Circokot), me salua, s’assit à ma gauche, et me demanda : « Dit Oli, t’habites où l’année prochaine ? ». Presque immédiatement, une idée lumineuse, que dis-je, éblouissante m’a traversé l’esprit pour ensuite me guider, telle la bonne étoile, vers la rue des Blancs Chevaux, au Kot Organe (= instance supérieure des kots-à‑projets). J’ai alors pu partager ma vision aux membres du ce Kot Organe qui m’ont d’emblée précisé que je n’étais pas le seul à me sentir investi d’une mission de la plus haute importance. En effet, une semaine auparavant, ils avaient déjà eu affaire à deux autres illuminés dont le discours, similaire au mien, évoquait une mission s’intitulant « Circokot ». Je suis immédiatement parti à la recherche de ces deux missionnaires qui semblaient peiner à en convertir d’autres. Après de multiples péripéties dont je vous passe les détails, je suis parvenu à joindre ces deux zigotos. Il s’agissait de Simon Fiasse et de Marie Gabriel. Ainsi, nous partîmes tous trois répandre la bonne nouvelle. En chemin, au détour d’une grande place en bois (= Place des Sciences), nous aperçûmes d’autres illuminés en pleine communion, les yeux et les paumes des deux mains tournées vers le ciel, autour desquels gravitaient des objets extraordinaires, tel un miracle ! Cela ne faisait plus aucun doute, nous devions aller jusqu’au bout.
Parmi cette bande d’illuminés, nous n’avons eu aucun mal à convertir 7 autres futurs « circokoteurs » et nous nous sommes réunis autour du premier repas pour clarifier notre mission. Celle-ci s’est développée autour de trois axes :
→ L’animation
L’animation est l’axe central autour duquel s’articulent les deux autres. Le concept de « distorsion du réel » en est l’idée maîtresse. Plus concrètement, cet axe prend sa forme d’attentats Circo-poétiques à coup de « boum-boum dans les oreilles », mise à feu, chants révolutionnaires, uniformes multicolores, clairons, parapluies, œufs, gorilles,… pour le plaisir des yeux, des oreilles, des orteils et j’en passe. Si vous n’avez toujours rien compris, allez voir un spectacle du Circokot. Il y en a toute l’année au gré de diverses festivités estudiantines et collaborations avec d’autres kots à projets.
→ L’initiation
Il nous fallait à tout prix étendre notre réseau. Cela passe bien évidemment par une sensibilisation aux diverses techniques de notre art, ce qui pris lieu 2h/semaine dans la salle GSA du complexe sportif du Blocry.
→ Rassemblement
Enfin, il nous fallait également instaurer des rituels permettant la communion, la fête et le partage de notre philosophie. Ainsi, nous nous sommes joints aux disciples de la place des Sciences pour instaurer une jonglerie festive tous les premiers mercredis du mois. Le Circokot a contribué à l’effervescence de ce mouvement spontané de jongleurs qui lui préexistait (notamment par l’apport massif d’armes de distorsion : massues, balles, diabolos, monocycles,…). Nous avons également instauré des grandes messes ponctuelles : les fameux « CircoCabarets » lors desquels le Circokot anime la première partie de la soirée pour ensuite laisser place à des professionnels de la rue, scène, piste,… Des concerts toujours fabuleux et inattendus clôturent bien souvent cette grande fête en beauté. Enfin nous organisons un sommet annuel, point culminant de l’année : « les Midis-Minuits de la Jongle Rue » (festival des arts de rue). Pour marquer la singularité de l’événement, ce sommet prend lieu sur la Grand Place de Louvain-la-Neuve. Cela nous permet de toucher une population plus hétéroclite, et d’affronter le Cinescope, le Goldway et la fac de théologie à bout portant.
Olivier Mahiant (président fondateur 2002 – 2003)Depuis ce premier repas, cette mission est entièrement remplie chaque année par une bande de 10 étudiants à la trogne allumée, bricoleurs de rêves, trafiquants de merveilles, alchimistes de l’asphalte qui embrasent les planches et foutent le feu au pavé sans autres artifices que leurs valises et leurs instruments de musique.
…et l’on vit que cela était bon…